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Avec les captations des spectacles

Programme de diffusion

Époque, 2015

De Volmir Cordeiro & Marcela Santander Corvalán

« Composées par l’extase, la jouissance, la subversion, la lascivité, l’effroi, l’extravagance et la joie, les danses auxquelles nous nous sommes attachés requièrent une intense capacité à sauter d’une humeur à l’autre et à se raconter des scénarios imaginaires les plus insolents, sans négliger de désarticuler, désamorcer et secouer la chair. Pour chaque émotion, un programme de facultés imaginaires est créé pour rendre visible des présences spécifiques, des natures d’adresses variées et des modes de ressentis interdépendants.
Époque est une étude, un état des lieux des danses où une certaine manière de jouer des gestes difformes a été mise en question par des femmes artistes du vingtième siècle. Époque désigne ainsi une catégorie qualitative et non chronologique, dans laquelle des éléments d’interprétation sont mis en jeu pour activer une histoire intime et vivante, voire perdue ou oubliée dans le passé symbolique de nos parcours de danseurs. » Marcela Santander Corvalán et Volmir Cordeiro


It’s going to get worse and worse and worse, my friend, 2013

De Lisbeth Gruwez / Voetvolk

S’appuyant sur les fragments d’un discours de l’ultra-conservateur télévangéliste américain Jimmy Swaggart, la chorégraphe Lisbeth Gruwez met en scène et en gestes le pouvoir de la parole portée par un locuteur extatique. It’s going to get worse and worse and worse, my friend selon les propos du prêtre, démontre que le langage est une arme redoutable et dénonce la manipulation langagière en se glissant dans la peau de l’ennemi pour mieux le révéler.
Le discours idéologique et politique ne fait pas qu’enthousiasmer les foules, il plonge également souvent celui qui parle dans un état proche de la transe. Accompagnée d’une bande-son composée de paroles diffuses, Lisbeth Gruwez distille l’essence de l’orateur qui galvanise les foules et son langage corporel.


Pour Ethan, 2014

De Mickaël Phelippeau

« Penser un monde en maquette pour un corps un peu trop grand pour son environnement. À moins que ce soit l’inverse. Varier les échelles, confronter des dimensions inadéquates a priori pour jouer des contrastes. Jouer en effet. Le corps d’un enfant, d’un jeune homme, sur un plateau pour poser le décor.
Ce corps agit-il pour remplir le vide ou laisse-t-il l’immensité apparente de l’espace agir ?
Le danseur s’appelle Ethan. Il a 15 ans. Je le connais depuis 5 ans. Je l’ai vu danser, je l’ai entendu chanter. Il m’a ému. Il a en lui cette fragilité et cette innocence des jeunes de son âge mêlées à une puissance digne d’un cheval planté dans le sol.
Il sera question avec lui d’aborder ce moment de la vie qu’est l’adolescence, ce moment où le corps connaît probablement les plus grands changements, les plus grands bouleversements, ce moment de transition entre l’enfance et l’âge adulte ». Mickaël Phelippeau


Undated, 2019

De Martine Pisani

Undated s’inspire du phénomène physique de condensation, passage de la matière d’un état gazeux à un état solide.
« Que se passerait-il si j’essayais de condenser tout le travail que j’ai réalisé avec les interprètes sur une vingtaine d’années ? Ou bien, comment pourrais-je dérouler la conduite d’une dizaine de mes spectacles en même temps et au même endroit ? ».
Ce sont ces interrogations qui ont amenées Martine Pisani à créer cette utopie poétique pour laquelle elle a convié dix interprètes qui ont traversé sa vie de compagnie. Des plus anciens aux plus récents. Des plus réguliers aux plus occasionnels. Un choix de cœur autant que de raison. La chorégraphe souhaite ici explorer la transformation, requestionner le point de départ et le motif de chaque spectacle. Mais l’ambition de Undated n’est pas de faire œuvre de mémoire, mais plus exactement de jouer avec les trous de mémoire. De jongler avec un patrimoine, sans chercher à restaurer ou à reproduire un passé de toute façon révolu.


Self Made Man, 2016

De Nina Santes

« Dans Self Made Man j’entrelace le mouvement, la voix parlée et chantée, et le déploiement de la scénographie en temps réel. En articulant ces pratiques multiples, j’envisage le plateau comme le lieu d’un possible artisanat, comme un atelier de fabrication à vue. Un espace vierge dédié à la fabrique, régi par un esprit autodidacte, bricoleur et intuitif. Chantier immersif pour un corps et un espace, Self Made Man célèbre l’équilibre entre le temps de la pratique concrète et celui de la contemplation. Il s’agit de (se)construire. (Dé) construire. (Re)construire. Du corps, du son, des images, de l’identité, un spectacle, une maison, un langage, un rapport au monde.
Self Made Man, c’est une partition polyphonique pour autodidacte solitaire. C’est la formulation d’un langage de la survie par la réinvention de soi. C’est la réalisation lente et progressive d’une utopie enfouie. » Nina Santes


Nos solitudes, 2015

De Julie Nioche

Nos solitudes est une œuvre imaginée autour d’un corps suspendu.
Dans un rapport nouveau à l’espace et à la gravité, ce corps fait l’expérience de la solitude grâce à ce référentiel inhabituel. La danse déborde vers une métaphore scénique de nos attaches, nos liens et nos appuis. Cette pièce parle de ces temps où l’on se regroupe en soi-même pour trouver un peu de réconfort, pour trouver une solution ne dépendant plus de personne, la solution la plus proche de soi. C’est à travers le temps compté du spectacle que la danse se construit de l’une à l’autre de Nos solitudes et tente de ramener chacun à une écoute de lui-même par un envol, parce que c’est un saut dans le vide que de s’écouter, se faire confiance et de s’en contenter.


Eighteen, 2020

De Thierry Micouin

Dans Eighteen, Thierry Micouin partage la scène avec sa fille Ilana, aujourd’hui âgée de 20 ans. Eighteen évoque la relation père - fille à partir de toutes les expériences artistiques et chorégraphiques qu’elle et lui ont traversées. Il s’agit de revisiter un parcours d’interprète et de chorégraphe et par là même une partie du répertoire de la danse contemporaine française.
À la fois dialoguée et dansée, la pièce se construit à partir de citations d’œuvres de Catherine Diverrès, Boris Charmatz, Olivier Dubois et Thierry Micouin. Elle comporte également des images d’archives : celles des rush de tournage de la vidéo intégrée à la première pièce de Thierry Micouin : W.H.O. La composition sonore est à nouveau confiée à Pauline Boyer qui s’attache à mettre en son les résurgences de cette mémoire. Conduite par le récit oral des souvenirs et sensations du père et de la fille, la partition musicale se structure autour de ce rituel narratif. Racontée à deux voix, cette odyssée de l’intime traverse les différents lieux qui l’ont accueillie, s’imprègne des contextes et environnements pour nous conduire dans ces milieux mobiles, chimériques ou fantasmés qui sont ceux de nos rencontres.


Disparue, 2016

De Marcela Santander Corvalán

« Pour cette danse, je serai accroupie. Je serai en bas, je verrai les choses d’en bas.
Je plonge dans cette posture fantôme, proche du sol, pour visiter la mémoire des gestes qui la constituent. C’est une posture millénaire, une posture d’attente, de travail, une posture parfois difficile, inconfortable, dont on pourrait croire qu’elle empêche le mouvement.
En explorant cette position accroupie, je fais un voyage dans le temps, des temps les plus anciens, depuis les Andes précolombiennes, jusqu’à ses résurgences les plus contemporaines dans la culture occidentale.
Par la fiction, le geste parvient à creuser dans les différentes stratifications temporelles et géographiques du corps. La posture devient ainsi le territoire d’une archive vivante, une mémoire active.
Pour ce solo, je me suis inspirée d’une posture extraite du duo Époque, pièce créée avec Volmir Cordeiro à partir de danses de femmes artistes du XXe siècle. Pour cette posture nous nous étions inspirés d’une danse japonaise qu’on m’avait racontée et que je ne n’ai jamais vue. Cette énigme m’a toujours intriguée. À partir de ce trou de mémoire, je me propose de plonger dans cette posture et de développer une danse. » Marcela Santander Corvalán


Mascarades, 2020

De Betty Tchomanga

Mami Wata est une déesse des eaux, figure des bas-fonds de la nuit, du pouvoir et de la sexualité. Sirène échouée, elle est face aux gens qui sont venus la voir. La base de son menton, son cou, ses bras, le dessus de ses mains et tout son buste sont peints en noir. Ses sourcils aussi sont légèrement noircis. Elle porte un short en jean élimé et un t-shirt blanc large un peu court qui dévoile son ventre parfois. Ses jambes et ses pieds sont nus.
Elle saute.
Le saut qui la traverse est un saut vertical, régulier. La musique est forte, un rythme qui se répète.
Sa bouche articule des mots dont le son ne sort que par bribes, cri souterrain qui parfois remonte à la surface.
Elle déclame.
Ses cheveux se détachent progressivement et accompagnent le mouvement du saut tels les serpents d’une gorgone.
Ses bras creusent vers l’avant puis repoussent. Sa tête se penche vers l’arrière on ne voit que son cou, son buste est légèrement courbé vers l’avant, ses bras sont écartés comme s’ils tenaient une grande robe.
Elle est éblouie.
De la bave sort de sa bouche, un peu de morve aussi de son nez. Un masque apparaît. Le saut ne cesse de traverser son corps : elle effectue un va-et-vient entre la profondeur des eaux et la surface.

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