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mar 28 février 2017 (21h30), jeu 2 mars 2017 (21h00)

L’œil la bouche et le reste

VOLMIR CORDEIRO

Brésil

CRÉATION

Après avoir investi la constitution de l’être à partir du regard de l’autre dans les solos que j’ai créés depuis 2012, et par là, avoir enquêté sur certaines modalités du visible, je plonge maintenant dans un exercice de pensée par la vision où l’œil figure comme protagoniste d’un mouvement de capture du monde. Cette capture, qui n’est pas isolée de l’activité du regard, est prise en tant que constitution d’un danseur pensé comme réalisateur. Ce danseur est celui qui permet qu’une image de l’intérieur puisse s’expérimenter à l’extérieur, en passant de la vision du réel à la réalité, de la fouille profonde de soi à l’espace autour de soi, et d’un « voir » caché à l’incarnation de la vue.
L’œil et la bouche forment la part exposée de ce danseur-réalisateur. Ils sont les organes mis en avant au fur et à mesure qu’ils accueillent et rejettent, voire cachent, un tout-reste assigné au domaine d’une invisibilité sans nom. L’œil et la bouche sont moins des entités en soi que des moyens pour aller vers la saisie du monde dans lequel nous pensons vivre aujourd’hui.
Ne serait-ce pas justement ce monde perplexe à sentir, à comprendre, à toucher, à voir, ce reste dont il est question ici ? L’œil la bouche et le reste propose de creuser la masse souterraine d’un monde que le visage nous importe de construire. Pour cela, nous prenons comme principe le jeu entre un geste évident à voir et un geste « pas clair » à regarder. Entre surface et profondeur, laissons émerger une danse qui mélange œil et bouche, mains et peau, sexe et cheveux, clarté et mystère, animalité et latence, concept et magie. Ce qui oriente ce mélange ? La perte ! Contrairement à l’idée selon laquelle voir signifierait gagner ce que l’on voit, acquérir, maîtriser ; cette pièce s’articule autour des notions de non-saisissement, de dispersion, dépassement, débordement, de l’incalculable faculté de capter ici mais pas là-bas, du partiel, du fragment, du déjà ailleurs. C’est autant valable pour nous danseurs, que pour vous regardeurs qui devez accepter de perdre ce que l’œil n’arrive pas à traverser. À commencer par se perdre, c’est-à-dire parvenir à une certaine perte de soi qui n’est pas un abandon, mais une sorte de fouille intérieure vers la demeure d’un reste à regarder avec les yeux bien ouverts-fermés.
Volmir Cordeiro, novembre 2016

VOLMIR CORDEIRO (Brésil)
Né au Brésil en 1987, Volmir Cordeiro a d’abord étudié le théâtre pour ensuite collaborer avec les chorégraphes brésiliens Alejandro Ahmed, Cristina Moura et Lia Rodrigues. En 2011, il intègre la formation Essais au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, et prépare, à l’université Paris VIII, une thèse sur les figures de la marginalité dans la danse contemporaine. Il a participé aux pièces de Xavier Le Roy, Laurent Pichaud, Rémy Héritier, Emmanuelle Huynh, Jocelyn Cottencin et Vera Mantero. En 2012, il signe en France un premier solo, Ciel, puis Inês en 2014 et le duo Epoque en mars 2015 avec Marcela Santander Corvalán. Il vient de clore un premier cycle de son travail, composé des trois solos Ciel, Inês et Rue (créé en octobre 2015 au Musée du Louvre, en collaboration avec la FIAC). Volmir Cordeiro a été artiste associé à la Ménagerie de Verre en 2015. La même année il présente Époque au Quartz en collaboration avec Marcela Santander Corvalán.

MARCELA SANTANDER CORVALÁN
(Chili)
Née au Chili en 1984, Marcela Santander Corvalán se forme à la danse-théâtre à la Scuola d’Arte Dramatica Paolo Grassi de Milan, puis à la danse contemporaine au CNDC d’Angers. En parallèle à sa formation en danse, elle étudie l’histoire à l’Université de Trente en Italie, ainsi que la théorie de la danse à l’Université Paris VIII. Depuis 2011, elle travaille avec les chorégraphes Dominique Brun pour les pièces Sacre #197 et Sacre #2, Faustin Linyekula pour Stronghold et Jonathan Schatz pour eRock, présentée lors de DañsFabrik 2015. Elle travaille aussi en collaboration avec Mickaël Phelippeau, pour les pièces Chorus et Set-Up, respectivement présentées en 2013 et 2014 dans le cadre du Festival DañsFabrik. Artiste associée en tant qu’interprète au Quartz depuis septembre 2014, elle y présente la même année Something around the sound, co-signé avec Clarisse Chanel. Elle crée Époque avec Volmir Cordeiro en mars 2015 lors de DañsFabrik. Dans le cadre des Humanités au Quartz, elle crée, avec Clarisse Chanel, Boutures d’un sacre, un spectacle chorégraphique mené avec des élèves de CE2 et CM1 de Brest. Elle a ouvert la saison 2015/2016 avec Aube, Zénith, Crépuscule avec les deux autres artistes-interprètes associés au Quartz, Olivier Martin-Salvan et Erwan Keravec. Elle présente Disparue lors de DañsFabrik 2016.

infos pratiques

Petit Théâtre, Le Quartz

Durée estimée : 1h20
8 € ou PASS

distribution

Chorégraphie : Volmir Cordeiro
Interprétation : Volmir Cordeiro, Marcela Santander Corvalán, Isabela Santana et Calixto Neto
Lumière : Abigail Fowler
Design sonore : Cristián Sotomayor
Regards extérieurs : Carolina Mendonça, Ana Paula Kamozaki

Production : MARGELLES / Margot Videcoq
Coproduction  : Le CND centre national de la danse - Pantin, Le Quartz, Scène nationale de Brest, Centre chorégraphique national de Caen en Normandie, dans le cadre de l’accueil-studio / Ministère de la Culture et de la Communication, Arcadi Ile-de-France, département de la Seine Saint Denis